Les Frères Karamazov
Les Frères Karamazov | |
![]() Première page de la première édition des Frères Karamazov | |
Auteur | Fiodor Dostoïevski |
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Pays | ![]() |
Genre | Roman |
Version originale | |
Langue | Russe |
Titre | Братья Карамазовы |
Éditeur | Le Messager russe |
Date de parution | 1879-1880 |
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Les Frères Karamazov (en russe : Братья Карамазовы) est le dernier roman de l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski.
Publié sous forme de feuilleton dans Le Messager russe de janvier 1879 à novembre 1880 (la première édition séparée date de 1880), le roman connut un très grand succès public dès sa parution[1].
Le roman explore des thèmes philosophiques et existentiels tels que Dieu, le libre arbitre ou la moralité. Il s'agit d'un drame spirituel où s'affrontent différentes visions morales concernant la foi, le doute, la raison et la Russie moderne.
Dostoïevski a composé une grande partie du roman à Staraïa Roussa, qui est aussi le cadre principal du roman (sous le nom de Skotoprigonievsk). Au début de l'année 1881, Dostoïevski songeait à donner une suite au roman, dont l'action se déroulerait vingt ans plus tard[2],[3].
Depuis sa publication, le livre est considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature mondiale et a été acclamé par des écrivains comme Albert Camus[4], William Faulkner ou Orhan Pamuk[5] et des personnalités comme Sigmund Freud[6] et Albert Einstein[7].
Thème[modifier | modifier le code]
L'intrigue principale tourne autour des trois fils de Fiodor Pavlovitch Karamazov, un homme impudique, vulgaire et sans principes, et du parricide commis par l'un d'entre eux. En réalité, les enfants sont au nombre de quatre puisque le père donne naissance à un bâtard qu'il nommera Smerdiakov. Chacun des trois fils représente un idéal-type de la société russe de la fin du XIXe siècle : Aliocha, le benjamin, est un homme de foi ; Ivan, le deuxième fils, est un intellectuel matérialiste qui cherche à savoir si tout est permis, dans la mesure où Dieu n'existe pas ; Dmitri, leur très exalté demi-frère aîné, est un homme impétueux en qui le vice et la vertu se livrent une grande bataille : ce dernier incarne, selon l'auteur lui-même, « l'homme russe ».
Genèse du roman[modifier | modifier le code]
En octobre 1877, Fiodor Dostoïevski, en petite santé, annonce le prochain arrêt du Journal d'un écrivain, périodique qu'il publie, plus ou moins régulièrement, depuis 1873 et qui connaît un certain succès. Malgré les protestations de ses lecteurs, dans le numéro de , il annonce qu'il s'agit de la dernière livraison de la revue.
Le 27 décembre 1877 ( dans le calendrier grégorien), mort du poète et critique Nikolaï Nekrassov, celui-là même qui avait révélé le talent du jeune Dostoïevski en 1845 et fait connaître son premier roman, Les Pauvres Gens. C'est l'occasion pour Dostoïevski de se souvenir du rôle essentiel de Nekrassov dans sa vie et de relire l'ensemble de l'œuvre de Nekrassov. Dans le récit qu'il donne de son dernier entretien avec le poète mourant (mi-), Dostoïevski évoque la fameuse nuit blanche de :
« Et voilà que trente ans après, je me suis souvenu à nouveau de cette minute, et ce fut comme si je la vivais à nouveau, assis au chevet de Nekrasov malade... Et nous avons vécu toute notre vie séparés. Sur son lit de douleur, il se souvient maintenant de ses amis disparus. »
Dostoïevski habite la rue Iamskaïa lorsqu'il rédige ses premières notes pour un « grand roman » en avril 1878. En , il a assisté au procès de la révolutionnaire Véra Zassoulitch et y puise des éléments factuels pour le procès de Dimitri Karamazov[9],[10]. Le , l'auteur perd son fils de trois ans, Alexis, mort d'épilepsie, affection qu'il a héritée de son père. Le travail préparatoire du roman est très probablement arrêté. L'écrivain est très affecté et décide de se rendre au Monastère d'Optina, un centre de la spiritualité russe, avec Vladimir Soloviev[9] avec lequel il s'entretient de son roman :
« L'Église en tant qu'idéal social positif devant être l'idée centrale du nouveau roman ou de la nouvelle série de romans dont seul a vu le jour Les Frères Karamazov. »
Il quitte Pétersbourg le 18 juin et arrive le 25 juin au monastère, où il passe deux jours et s'entretient de son projet de roman avec le starets Ambroise, prototype du starets Zosime[9]. À la fin juillet, en mauvaise santé. il part se soigner à Ems, où il retourne en septembre.
En , les deux premiers chapitres sont achevés ; en novembre, l'écrivain les envoie au Messager russe, qui en annonce la future parution (à partir de ) en décembre. En janvier et , rédaction des troisième et quatrième livres. En , lectures publiques des Frères Karamazov et de Crime et Châtiment. Dostoïevski reçoit beaucoup de témoignages d'admiration. En , il termine le chapitre « La légende du Grand Inquisiteur »[12].
En , la rédaction est interrompue par l'invitation qu'il a reçue pour l'inauguration du monument d'Alexandre Pouchkine. À cette occasion, il prononce le Discours sur Pouchkine.
Le 8 novembre 1880 ( dans le calendrier grégorien), Dostoïevski envoie l'épilogue du roman au Messager russe et écrit : « Mon roman est terminé. Voici trois ans que j'y travaille, deux ans qu'on le publie. C'est pour moi une minute significative... Permettez-moi de ne pas prendre congé de vous. J'ai l'intention de vivre et d'écrire encore vingt ans. Ne gardez pas un mauvais souvenir de moi[13]. »
En : Parution en édition séparée, tirée à 3000 exemplaires, c'est un énorme succès. L'écrivain porte lui-même un exemplaire au tsarévitch[3].
Fiodor Dostoïevski meurt le 28 janvier 1881 ( dans le calendrier grégorien).
Résumé[modifier | modifier le code]
Note de l’auteur[modifier | modifier le code]
Dostoïevski entame son roman par une brève introduction dans laquelle il joue avec son lecteur et tente de justifier l’intérêt qu’il porte au « héros » du livre, Alexeï Fiodorovitch, alias Aliocha. Il y indique qu’il y a en fait deux romans, l’essentiel étant le second. Pour lui, le « premier roman » s’est déroulé il y a treize années, dans la première jeunesse du héros. Il termine par un pied-de-nez : « Bon voilà toute l’introduction. J’en conviens parfaitement, elle ne sert à rien du tout, mais, puisqu’elle est écrite, qu’elle reste. Sur ce, au fait[14]. »
Première partie[modifier | modifier le code]
Livre premier : Histoire d’une famille[modifier | modifier le code]
- Fiodor Pavlovitch Karamazov
- Karamazov se débarrasse de son premier fils
- Second mariage et nouveaux enfants
- Le troisième fils : Aliocha
- Les startsy[15]
Livre II : Une réunion déplacée[modifier | modifier le code]
- L’arrivée au monastère
- Le vieux bouffon
- Les femmes croyantes
- Une dame de peu de foi
- Ainsi soit-il !
- Pourquoi un tel homme vit-il ?
- Le séminariste-arriviste
- Un scandale
Livre III : Les luxurieux[modifier | modifier le code]
- Dans l’antichambre
- Elisabeth Smerdiachtchaïa
- Confession d’un cœur ardent. En vers
- Confession d’un cœur ardent. Par anecdotes
- Confession d’un cœur ardent. La tête en bas
- Smerdiakov
- Une controverse
- En dégustant le cognac
- Les luxurieux
- Les deux ensemble
- Encore une réputation de perdue
Deuxième partie[modifier | modifier le code]
Livre IV : Les déchirements[modifier | modifier le code]
- Le père Théraponte
- Aliocha chez son père
- La rencontre avec les écoliers
- Chez les dames Khokhlakov
- Le déchirement dans le salon
- Le déchirement dans l'izba
- Et en plein air
Livre V : Pro et contra[modifier | modifier le code]
- Les fiançailles
- Smerdiakov et sa guitare
- Les frères font connaissance
- La révolte
- Le Grand Inquisiteur
- Où l'obscurité règne encore
- Il y a plaisir à causer avec un homme d'esprit
Livre VI : Un moine russe[modifier | modifier le code]
- Le starets Zosime et ses hôtes
- Fragments de la vie du starets Zosime, endormi dans le Seigneur, rédigé d'après ses paroles par Alexéï Fiodorovitch Karamazov
- Le jeune frère du starets Zosime
- L'Écriture Sainte dans la vie du starets Zosime
- Souvenirs de jeunesse du starets Zosime encore dans le monde. Le duel
- Le mystérieux visiteur
- Extrait des entretiens et de la doctrine du starets Zosime
- Du moine russe et de son rôle possible
- Des maîtres et des serviteurs : peuvent-ils devenir mutuellement des frères en esprit ?
- De la prière, de l'amour, du contact avec les autres mondes.
- Peut-on être le juge de ses semblables ? De la foi jusqu'au bout
- De l'enfer et du feu éternel. Considérations mystiques
Troisième partie[modifier | modifier le code]
Livre VII : Aliocha[modifier | modifier le code]
- L'odeur délétère
- En pareil moment
- L'oignon
- Les noces de Cana
Livre VIII : Mitia[modifier | modifier le code]
- Kouzma Samsonov
- Liagavi
- Les mines d'or
- Dans les ténèbres
- Une décision subite
- C'est moi qui arrive !
- L'ancien et l'incontestable
- Délire
Livre IX : L’instruction préparatoire[modifier | modifier le code]
- Les débuts du fonctionnaire Perkhotine
- L'alarme
- Les tribulations d'une âme. Première tribulation
- Deuxième tribulation
- Troisième tribulation
- Le procureur confond Mitia
- Le grand secret de Mitia. On le raille
- Déposition des témoins. Le « petiot »
- On emmène Mitia
Quatrième partie[modifier | modifier le code]
Livre X : Les garçons[modifier | modifier le code]
- Kolia Krassotkine
- Les gosses
- L'écolier
- Scarabée
- Au chevet d'Ilioucha
- Développement précoce
- Ilioucha
Livre XI : Ivan Fiodorovitch[modifier | modifier le code]
- Chez Grouchegnka
- Le pied malade
- Un diablotin
- L'hymne et le secret
- Ce n'est pas toi !
- Première entrevue avec Smerdiakov
- Deuxième entrevue avec Smerdiakov
- Troisième et dernière entrevue avec Smerdiakov
- Le diable. Hallucination d'Ivan Fiodorovitch
- « C'est lui qui a dit ça ! »
Livre XII : Une erreur judiciaire[modifier | modifier le code]
- Le jour fatal
- Des témoins dangereux
- L'expertise médicale et une livre de noisettes
- La chance sourit à Mitia
- Brusque catastrophe
- Le réquisitoire. Caractéristique
- Aperçu historique
- Dissertation sur Smerdiakov
- Psychologie à la vapeur. La troïka emportée. Péroraison
- La plaidoirie. Une arme à deux tranchants
- Ni argent, ni vol
- Il n'y a pas eu assassinat
- Un sophiste
- Les moujiks ont tenu ferme
Épilogue[modifier | modifier le code]
- Projets d'évasion
- Pour un instant le mensonge devint vérité
- Enterrement d'Ilioucha. Allocution près de la pierre
Personnages principaux[modifier | modifier le code]
Fiodor Pavlovitch Karamazov[modifier | modifier le code]
Cinquante-cinq ans, marié deux fois, il est le père de trois fils (Dmitri, Ivan et Alexeï) et le père illégitime de Smerdiakov, dont il fait son domestique. C'est un homme impudique, vulgaire et sans principe, qui n'élève aucun de ses fils. Il les oublie même jusqu'à ce que ceux-ci se rappellent à son bon souvenir. Le meurtre de Fiodor par l'un d'eux sert de base à l'intrigue du roman.
Dimitri Fiodorovitch Karamazov[modifier | modifier le code]
Fils aîné, issu du premier mariage raté de Fiodor, Dimitri (nommé aussi Mitia, Mitka, Mitenka ou Mitri), 28 ans, est exalté, impétueux et dépensier. Il participe à de nombreuses soirées de débauche avec abondance de champagne et de femmes, pour lesquelles il dépense tout son argent. Il entre en conflit avec son père au sujet d'un héritage dont il a été spolié et d'une femme, Grouchenka, que les deux hommes désirent. Pour ces deux raisons, et à cause de sa menace, devant témoins, de tuer son père, il sera accusé du meurtre de son père.
Ivan Fiodorovitch Karamazov[modifier | modifier le code]
Ivan Karamazov (nommé aussi Vanka, ou Vanechka) est le premier fils du deuxième mariage de Fiodor Pavlovitch. Fervent rationaliste de 24 ans, il est solitaire, marqué par la souffrance qui existe dans le monde, et tout particulièrement celle des enfants. Il voue à son père, Fiodor, une haine qui n'est pas ouvertement exprimée, mais qui finit par le ronger intérieurement après l'assassinat de celui-ci. Influencé par Smerdiakov et en proie à une santé mentale qui se dégrade, Ivan devient peu à peu convaincu de sa propre culpabilité dans l'affaire.
Certains des passages les plus mémorables du roman impliquent Ivan, comme dans les chapitres: « La rébellion », « Le Grand Inquisiteur » et son remarquable cauchemar avec le diable dans (« Le Cauchemar »).
Alexeï Fiodorovitch Karamazov[modifier | modifier le code]
Alexeï (nommé aussi Aliocha, Aliochka ou Aliochenka ou Alexis), 19 ans, est le plus jeune des frères Karamazov. Dans le premier chapitre, le narrateur affirme que le jeune homme est le héros du roman, et le décrit comme un être sympathique. Au début des événements, Alexeï est novice au monastère local, sous la coupe du starets Zosime. Ce dernier est le patriarche du monastère et joue le rôle de maître spirituel. À la mort de Zosime, Alexeï est envoyé de par le monde et se trouve mêlé aux disputes de ses frères et de son père. Il est très proche de Dimitri, mais beaucoup moins d'Ivan, dont les convictions athées s'opposent aux siennes.
Pavel Fiodorovitch Smerdiakov[modifier | modifier le code]
Pavel Smerdiakov, fils de Lizaveta, une femme muette de la rue, et probablement fils illégitime de Fiodor Pavlovitch, est nommé d'après le nom de famille de sa mère « Smerdiakov », du verbe smerdit (« puer», en russe). Il est le domestique et le cuisinier de Fiodor Pavlovitch. Morose et (comme Dostoïevski lui-même) épileptique, Smerdiakov est distant avec la plupart des personnes, mais voue une admiration particulière à Ivan, partageant ses idées sur l'athéisme. Il avouera plus tard à ce dernier qu'il est le meurtrier de Fiodor et prétend avoir agi sur les instructions plus ou moins explicites d'Ivan.
Agrafena Alexandrovna Svietlova (Grouchenka)[modifier | modifier le code]
Femme de bon plaisir, Grouchenka (nommée également Groucha, et Grouchka) a 22 ans. Elle a été abandonnée par un officier polonais dans sa jeunesse et vit désormais sous la protection d'un avare tyrannique. Grouchenka charme à la fois Fiodor et Dimitri Karamazov. Profitant de leur rivalité, elle cherche à tourmenter et ridiculiser les deux hommes, une façon d'infliger à d'autres la douleur qu'elle-même a endurée plus jeune.
Katerina Ivanovna Verkhovtseva[modifier | modifier le code]
Katerina Ivanovna (nommée aussi Katia, Katka, et Katenka) est la fiancée de Dimitri. Elle est liée à Dimitri depuis que celui-ci a effacé les dettes de son père. Extrêmement fière, Katia est décrite comme une personne de noblesse, avec de la générosité et une grandeur d'âme. Si elle reste fidèle à Dimitri, elle est troublée par l'amour que lui porte Ivan.
Zosime[modifier | modifier le code]
Zosime, starets du monastère, est le père spirituel d'Aliocha. Ses capacités prophétiques et guérisseuses supposées font de lui une personne vénérée par les habitants de la ville. Sa popularité inspire autant d'admiration que de jalousie parmi les moines du monastère. Gravement malade, il meurt au cours de la seconde partie : l'exposé de sa biographie et de sa doctrine forment en quelque sorte la réponse de Dostoïevski au récit du « Grand Inquisiteur ».
Ilioucha[modifier | modifier le code]
L'écolier Ilioucha (aussi nommé Ilouchechka) est la figure centrale d'une histoire dans l'histoire du roman. Son père, le capitaine Snegiriov, est un officier ruiné qui est insulté par Dmitri. Le lecteur est mené à croire que c'est partiellement à cause de cela qu'Ilioucha tombe malade et meurt finalement. Ses funérailles couvrent le dernier chapitre du roman.
Analyse[modifier | modifier le code]
Contexte[modifier | modifier le code]
De nombreuses influences semblent être à l'origine du roman. Tout d'abord, celle du philosophe russe Nikolaï Fiodorov. Fiodorov prône un christianisme dans lequel la Rédemption et la résurrection passeraient par le rachat par les fils des péchés de leurs pères, afin de favoriser l'unité des êtres humains au sein d'une famille universelle. Or, la tragédie du parricide dans ce roman représente exactement le contraire de cette idée, où, loin de racheter les fautes de leur père, les fils Karamazov deviennent acteurs, sinon complices, de son meurtre. Dostoïevski y voit la personnification de la désunion de l'humanité.
Bien que la religion et la philosophie aient profondément influencé Dostoïevski dans sa vie, prenant une place importante dans Les Frères Karamazov, une tragédie beaucoup plus intime a changé le cours de son travail : Le décès de son fils. Le chagrin de Dostoïevski pour son jeune fils transparait tout au long du roman, notamment à travers le héros qu'il nomme aussi Aliocha et à qui il attribue des qualités chères à ses yeux. Ce déchirement se retrouve également avec l'histoire du capitaine Snegiriov et de son jeune fils Ilyoucha.
Une autre expérience personnelle a influencé l'auteur dans le choix du parricide comme intrigue principale. Au cours des années 1850, alors qu'il purgeait sa condamnation au katorga Omsk en Sibérie, Dostoïevski y a rencontré un jeune homme qui avait été condamné pour avoir assassiné son père et acquis son héritage. Presque dix ans après cette rencontre, il apprit que l'homme en question, après avoir été fallacieusement condamné dans un premier temps, avait été plus tard disculpé quand le meurtrier réel eut avoué le crime. L'impact de cette rencontre sur l'auteur est évidente dans le roman, dans lequel beaucoup des traits de l'accusé sont repris dans la description de Dmitri Karamazov.
Dostoïevski se livre entièrement dans ce roman. Il y exprime les doutes, les contradictions de son esprit. Il ne cache rien de ce qui se passe dans son être profond. Le destin de ses héros, c’est son propre destin, leurs doutes, leurs tentatives criminelles sont les crimes cachés de son esprit. L’originalité de son génie est telle qu’il a pu, en analysant jusqu’au bout son propre destin, exprimer en même temps le destin universel de l’homme, perpétuellement déchiré entre le Bien et le Mal.
Il ne coupe pas les racines qui l’attachent au sol natal. Mais c’est un Russe errant dans le monde de l’esprit. Il ne possède ni terres, ni demeure. Il n’est lié à aucune forme stable de l’existence : tout dans sa nature est dynamisme, inquiétude, esprit de révolution. Il incarne avant tout le destin du nomade et du révolté. Il est le partisan de l’Europe, le chantre de Saint-Pétersbourg. Il ne conçoit rien en dehors de la littérature.
Écriture[modifier | modifier le code]
Bien qu'il ait été écrit au XIXe siècle, Les Frères Karamazov contient un certain nombre d'éléments d'écriture modernes. Dostoïevski a composé le livre avec une variété de techniques littéraires qui ont mené beaucoup de ses critiques à caractériser son travail comme « négligé »[réf. nécessaire]. L'exemple le plus visible est l'utilisation du narrateur omniscient. Bien qu'il connaisse nombre de pensées et de sentiments des protagonistes, le narrateur se proclame auteur du récit, au point de distiller ses propres commentaires et états d'âme au fil du roman, devenant pratiquement un personnage à part entière. Par ses descriptions, le narrateur et la voix fusionnent imperceptiblement, une technique qui favorise l'impression de vécu dans la narration de l'histoire, tout en la rendant complètement subjective[16].
Dostoïevski utilise les variations de discours pour donner à chaque personnage une manière propre de s'exprimer, permettant d'entrevoir une grande partie de leur personnalité. D'autre part, plusieurs digressions dans le récit finissent par tresser un enchevêtrement de personnalités, apparemment mineures, mais dont les trajectoires sont riches en symboles. Par exemple, le livre six est presque entièrement consacré à la vie du starets Zosime, histoire qui ne semble pourtant pas être liée avec les événements de l'intrigue principale.
Idées principales de l'œuvre[modifier | modifier le code]
Considéré par son auteur comme son œuvre la plus aboutie, Les Frères Karamazov constitue l'expression la plus achevée de son art romanesque. Dostoïevski y fait la synthèse des problèmes philosophiques, religieux et moraux qui ont hanté son univers. Il aborde la question ultime de l'existence de Dieu, qui l'a tourmenté toute sa vie. De nombreux thèmes chers à l'auteur y sont développés : l'expiation des péchés dans la souffrance, l'absolue nécessité d'une force morale au sein d'un univers irrationnel et incompréhensible, la lutte éternelle entre le bien et le mal, la valeur suprême conférée à la liberté individuelle.
La question centrale de la liberté humaine et de sa responsabilité vis-à-vis de Dieu est notamment développée dans un chapitre entier (livre V, chapitre 5) intitulé « Le Grand Inquisiteur ». Celui-ci relate une rencontre en Espagne, à la Renaissance, entre un haut dignitaire de l'Inquisition espagnole et Jésus, le premier reprochant au second sa venue, qui vient « déranger » l'Église établie. Ce récit raconté par Ivan à son frère Aliocha, expose la thèse selon laquelle Jésus, en résistant à la tentation de la puissance, et laissant ainsi l'homme libre de choisir de croire ou non, s'est trompé sur la nature humaine et a rendu l'homme malheureux. En effet, selon lui, l'homme n'est pas un Dieu, et, à cause de cela, il ne déteste rien tant que la liberté.
Pour le Grand inquisiteur, la liberté reconnue par Dieu n'a pas apporté le bonheur aux hommes. L'évêque du récit représente l'Église toute-puissante qui a continué l'œuvre du Christ mais en la dévoyant, c'est-à-dire en reprenant cette liberté à l'homme qui, selon lui, s'en trouve bien plus heureux. Dans ce chapitre essential de son œuvre, Dostoïevski signale aussi les limites de l'humanisme athée et pressent les dérives du socialisme matérialiste: "Nous les persuaderons qu'ils ne deviendront libres qu'en renonçant à leur liberté et en s'en remettant à nous" , "nous leur donnerons un bonheur silencieux, humble, le bonheur qui convient aux créatures faibles qu'ils sont...Certes nous les ferons travailler, mais durant leurs heures de loisirs, nous organiserons leur vie à la manière d'un jeu d'enfant, avec des chansons enfantines, des choeurs, des danses innocentes." [17] Nicolas Berdiaev, qui développe cette lecture, voit dans le Grand Inquisiteur celui qui "est séduit par le mal qui a emprunté le masque du bien." [18]
Le roman permet ainsi au grand écrivain russe de développer sa conception de l'âme humaine à travers l'opposition entre les personnages athées (principalement Ivan, mais aussi Kolia Krassotkine - au moins au début - et Rakitine) et ceux qui croient pieusement (Aliocha, Zosime et les hiéromoines du monastère). Tout le raisonnement des premiers se termine par la conclusion que Dieu n’existant pas, il s'ensuit que l'homme est livré à lui-même. Il n'y a plus de morale et chacun peut se comporter comme il l'entend, puisqu'il devient lui-même Dieu. Pour Dostoïevski, le scepticisme d'Ivan ainsi que le matérialisme socialiste sont à condamner. En effet, le socialisme censé satisfaire les besoins et le bien-être de l'humanité entraîne en fait une insatisfaction constante (l'homme est tenté d'obtenir toujours plus que ce qu'il a). Cette perversion se retrouve chez des personnages violents comme Fiodor Karamazov, qui sombre dans l'alcoolisme et le désir sexuel. Au contraire, seul un retour à Dieu peut sauver l'humanité : Aliocha incarne cet espoir face à ses frères dépravés. Ivan est donc le contradicteur de la pensée de Dostoïevski qui, lui, ne voit le salut que dans le Christ et l'Église orthodoxe. Pour l'auteur, il existe bien un espoir de rédemption pour l'humanité.
Comme Dostoïevski l’annonce dans la Préface, ce roman n’aurait dû constituer que le premier volet d’un diptyque consacré à la vie d’Aliocha Karamazov, ce jeune homme pur et généreux, se préparant à entrer dans les ordres. Pourtant, si la seconde partie du roman avait été écrite, il est probable que notre impression aurait été tout autre. Dostoïevski voulait en fait représenter à travers la figure d’Aliocha la tragédie, mais aussi les espérances de la jeune Russie, de « la génération nouvelle ». Aliocha devait, d’après les Carnets, parcourir un long et pénible cheminement spirituel qui l’aurait conduit entre autres choses à l’action révolutionnaire. Il est probable que celui qui inspira le personnage d’Aliocha n’était autre que le fameux terroriste Karakasov, auteur d’un attentat manqué contre Alexandre II. Étrange cheminement que celui qui aurait mené le pieux novice de la cellule de son maitre Zosime à celle de la prison politique !
Ceci permet de comprendre les intentions qui furent à l’origine de l’élaboration des Frères Karamazov. Bien qu’en apparence, la réflexion sur les problèmes politiques et sociaux n’y ait pas la première place, elle reste toujours en filigrane. Dans une vaste première partie, l'auteur s’interroge sur les causes profondes des problèmes qui l’obsèdent depuis toujours, afin de mieux en déployer les conséquences dans la seconde partie.
Postérité[modifier | modifier le code]

Les Frères Karamazov a eu une influence profonde sur beaucoup d'auteurs et de penseurs. C'était notamment le livre de chevet de Léon Tolstoï sur son lit de mort[19].
L'écrivain Franz Kafka fut aussi sensible aux thèmes du roman Les Frères Karamazov et s'en inspira en partie dans son œuvre. Les deux hommes ont d'ailleurs en commun d'avoir eu des rapports tendus avec leur père. Kafka fut touché par la haine des frères pour leur père Fiodor. Le thème des relations père et fils a été traité dans plusieurs de ses travaux, le plus explicitement dans la nouvelle Le Verdict.
Sigmund Freud dit de cet ouvrage qu'il s'agit du « roman le plus imposant qu'on ait jamais écrit »[20]. En 1928, Freud publie un article intitulé Dostoïevski et le parricide, dans lequel il traite des propres névroses de l'auteur et de leur influence sur l'intrigue du roman. Ainsi, l'assassinat de son père aurait été mal vécu par Dostoïevski, qui, selon la théorie du complexe d'Œdipe, aurait involontairement souhaité la mort de son père. Freud pense que cette culpabilité inconsciente aurait déclenché les crises d'épilepsie de l'auteur et se retrouverait dans le roman à travers les thèmes du parricide et de la culpabilité.
En 1954, le roman est également compté parmi les dix plus grands par William Somerset Maugham dans son essai Ten Novels and Their Authors.
Dans La Cité de la peur, Alain Chabat incarne un certain Serge Karamazov. Tout au long du film, il fait référence au roman en se présentant : « Serge Karamazov, aucun lien, je suis fils unique. ».
Le début du film Jésus de Montréal de Denys Arcand présente la scène finale du livre.
Dans le jeu de figurines Warhammer 40,000, l'un des héros membre des Chevaliers Gris porte le nom d'Inquisiteur Karamazov, sans doute un clin d'œil au roman Les Frères Karamazov contenant le récit Le Grand Inquisiteur.
Adaptations[modifier | modifier le code]
Au cinéma[modifier | modifier le code]
- 1915 : Les Frères Karamazov (Bratya Karamazovy) de Victor Tourjanski
- 1921 : Die Brüder Karamasoff de Dimitri Buchowietzky
- 1931 : Les Frères Karamazov de Fedor Ozep
- 1947 : Les Frères Karamazov (I fratelli Karamazoff) de Giacomo Gentilomo
- 1958 : Les Frères Karamazov de Richard Brooks
- 1969 : Les Frères Karamazov (Братья Карамазовы) de Kirill Lavrov, Ivan Pyriev et Mikhaïl Oulianov
À la télévision[modifier | modifier le code]
- 1969 : Les Frères Karamazov, téléfilm français de Marcel Bluwal.
- 2008 : Tarrikte Al Bettache, feuilleton télévisé (30 épisodes de 52 minutes), adapté et réalisé par Chafik Shimi, diffusé sur la chaîne de télévision marocaine 2M pendant le mois de ramadan 2008.
- 2010 : Karadağlar (en), feuilleton télévisé turc (14 épisodes de 90 minutes), adapté par Alican Yaraş et réalisé par Oğuzhan Tercan, diffusé sur la chaîne de télévision privée turque Show TV. Une adaptation dans la Turquie des années 1930 pendant la Grande Dépression.
- 2013 : Karamazov no Kyodai, feuilleton télévisé japonais. Une adaptation dans un Japon contemporain de l'œuvre originale[21].
Au théâtre[modifier | modifier le code]
- 1911 : Les Frères Karamazov, adaptation et mise en scène par Jacques Copeau, Théâtre des Arts, Paris
- 1945 : Les Frères Karamazov, mise en scène par André Barsacq, Théâtre de l'Atelier, Paris
- 1972 : Les Frères Karamazov, mise en scène par Georges Vitaly, Théâtre Graslin, Nantes
- 1990 : Les Frères Karamazov, mise en scène par Krystian Lupa, Stary Teatr, Cracovie
- 1999 : Karamazov, mise en scène par Didier Carette, Le Parvis, Tarbes
- 2000 : Les Frères Karamazov, mise en scène par Krystian Lupa, Théâtre de l'Odéon, Paris
- 2012 : Les Frères Karamazov, par Richard Crane
- 2013 : Les Tentations d'Aliocha, mise en scène par Guy Delamotte
- 2014 : Les Frères Karamazov, adaptation par Sophie-Iris Aguettant à partir de la traduction d'André Markowicz, mis en scène par Cécile Maudet et Olivier Fenoy, Théâtre de l'Épée de Bois, La Cartoucherie, Paris
- 2016 : Karamazov, adaptation et mise en scène par Jean Bellorini, au Festival d'Avignon
Au ballet[modifier | modifier le code]
- 1995 — création du ballet Les Karamazov par Boris Eifman suivant le roman de Dostoïevski sur une musique de Sergueï Rachmaninov, Richard Wagner et Modeste Moussorgski
- 2013 — Boris Eifman crée un nouveau ballet « Karamazov » en 1995 sous le nom « De ce côté là du péché » d'après le roman de Dostoïevski Les Frères Karamazov sur la musique de Rachmaninov, Wagner et Moussorgski[22]
Éditions en langue française[modifier | modifier le code]
Éditions imprimées[modifier | modifier le code]
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Ely Halpérine-Kaminsky et Charles Morice), Paris, Plon, Nourrit et Cie, , 1457 p. (notice BnF no FRBNF30350556)
(Wikisource) — Version très écourtée, incomplète et adaptée.
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par J.-Wladimir Bienstock et Charles Torquet), Paris, E. Fasquelle, , 494 p. (notice BnF no FRBNF30350557) — Version écourtée et adaptée.
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Henri Mongault et Marc Laval), Paris, Éditions Bossard, , in-8 (notice BnF no FRBNF32040664) — Première traduction intégrale en trois tomes (422, 388 et 305 p.).
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Boris de Schlœzer, ill. Alexandre Alexeïeff (lithographies)), Paris, Éditions de la Pléiade - J. Schiffrin, , in-4 (notice BnF no FRBNF32040667) — Traduction intégrale en trois tomes (278, 288 et 291 p.).
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Henri Mongault), Paris, Gallimard, coll. « Les classiques russes », , in-16 (notice BnF no FRBNF32040665) — Traduction intégrale en deux tomes (375 et 378 p.) ; reprise du fonds des éditions Bossard.
- Les Frères Karamazoff (trad. du russe par Marc Chapiro), Lausanne, Suisse, Henry-Louis Mermod, coll. « Les grands romans étrangers » (no 5), , 1457 p. (notice BnF no FRBNF32040668)
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Élisabeth Guertik), Paris, Fernand Hazan, coll. « Les Classiques du monde », , 1001 p. (notice BnF no FRBNF32040672)
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Rostislav Hofmann, préf. Edmond Jaloux, annotations de Modeste Hofmann), Paris, Bordas, coll. « Les Grands maîtres », , 885 p. (notice BnF no FRBNF32040670)
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Henri Montgault, préf. Pierre Pascal), Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 91), , 1270 p. (ISBN 978-2-07-010175-7)[23]
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Kyra Sanine), Paris, Garnier Frères, coll. « Classiques Garnier », , 1107 p. (notice BnF no FRBNF35211694) — Réédité en 2014 dans la coll.« Classiques jaunes » (no 523), (ISBN 978-2-8124-1874-7)
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Henri Montgault précédé du texte de Sigmund Freud : "Dostoïevski et le parricide" édition Gallimard 1973 pour ce texte de S. Freud traduit par J-B Pontalis), Gallimard, coll. « Folio », , 998 p.
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par André Markowicz), Arles, Actes Sud, coll. « Babel » (no 526-527), , 1373 p. (ISBN 2-7427-3703-0 et 2-7427-3704-9) — Deux volumes (583 et 790 p.) ; publication conjointe à Montréal, Leméac (ISBN 2-7609-2270-7 et 2-7609-2269-3)
Livres audio[modifier | modifier le code]
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par André Markowicz, narration de Pierre-François Garel), Éditions Thélème, , 3 CD (ISBN 978-2-87862-888-3, 978-2-87862-904-0 et 978-2-87862-934-7)
- Les Frères Karamazov (trad. du russe par Henri Mongault, narration de Vincent Violette), Frémeaux & Associés, , 5 CD (EAN 978-2-84468-905-4)
Notes et références[modifier | modifier le code]
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « The Brothers Karamazov » (voir la liste des auteurs).
- Sylvie Luneau 1952, p. XXIV.
- Anna Dostoïevskaïa, Dostoïevski, mémoires d'une vie, p. 460.
- Sylvie Luneau 1952, p. XXIII.
- Dostoïevski, Camus et le Grand Inquisiteur : Au-delà d’un mythe par Jean-Louis Benoît sur le site de l'Université du Québec à Chicoutimi
- Cinq écrivains occidentaux pour qui Fiodor Dostoïevski fut une source d’inspiration sur le site Russia Beyond, 2018
- Sigmund Freud,Writings on Art and Literature
- The Collected Papers of Albert Einstein, Volume 9: The Berlin Years: Correspondence, January 1919 - April 1920
- Cité par Leonid Grossman 2003, p. 459.
- Sylvie Luneau 1952, p. XIX.
- Leonid Grossman 2003, p. 461.
- Leonid Grossman 2003, p. 487.
- Sylvie Luneau 1952, p. XX.
- Fiodor Dostoïevski, Lettre no 907 2003, p. 900.
- Les Frères Karamazov, Note de l'auteur, p. 12.
- Pluriel russe de starets. Dans sa traduction, André Markowicz préfère conserver « Les starets ».
- Cf. Mikhaïl Bakhtine, Problèmes de la poétique de Dostoïevski (1929), pour plus de détails sur le rapport entre Dostoïevski et ses personnages.
- (ru) Fiodor Dostoievski, Les Frères Karamazov, Moscou, Pravda, , Partie II, livre v, ch v
- Nicolas Berdiaev, L'esprit de Dostoievski, Paris, Stock, , 289 p., p. 251
- Notice de l'Encyclopédie Agora
- Dostoïevski et le parricide, 1928.
- (en) Les Frères Karamazov sur l’Internet Movie Database
- (ru) « По ту сторону греха », Санкт-Петербургский государственный академический театр балета Бориса Эйфмана (consulté le 1er décembre 2015)
- Bien que le texte donné en » Lien externe » ne donne pas le nom de son traducteur, Il s'agit apparemment de la même traduction d'Henri Mongault que celle parue dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1952.
Annexes[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Fiodor Dostoïevski (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard, préf. Jacques Catteau), Correspondance : 1874-1881, t. 3 : 1874-1881, Paris, Bartillat, , 966 p. (ISBN 978-2-84100-312-9)
- Anna G. Dostoïevskaïa (trad. du russe par André Beucler, préf. Jacques Catteau), Dostoïevski : Mémoires d'une vie, Paris, Mémoire du Livre, (1re éd. 1930), 520 p. (ISBN 2-913867-21-9)
- Sigmund Freud (trad. de l'allemand, (1928)), Dostoïevski et la mise à mort du père, Paris, PUF, coll. « OCF.P » (no XVIII), , 408 p. (ISBN 2-13-046576-5), p. 205-225
- Jean-Marie Delcour, « Dostoïevski et le parricide : Analyse du texte de Sigmund Freud », Les Cahiers, Paris, L'Herne, no 24 « Fiodor Dostoievski (dirigé par Jacques Catteaux) », , p. 270-275 (ISBN 978-2-85197-018-3)
- Annie Miriel, « Dostoïevski et le parricide : du fantasme de l'amour du père au fantasme du meurtre du père », L'en-je lacanien, vol. 2/2007, no 9, , p. 119-137 (DOI 10.3917/enje.009.0119, lire en ligne)
- Leonid Grossman (trad. Michèle Kahn, préf. Michel Parfenov), Dostoïevski, Paris, Parangon, coll. « Biographies », , 520 p. (ISBN 2-84190-096-7)
- Virgil Tănase, Dostoïevski, Paris, Gallimard, coll. « Folio biographies » (no 92), , 425 p. (ISBN 978-2-07-043902-7)
- Mikhaïl Bakhtine (trad. du russe par Isabelle Kolitcheff, préf. Julia Kristeva), La Poétique de Dostoïevski, Paris, Le Seuil, coll. « Points Essai » (no 372), (1re éd. 1970), 366 p. (ISBN 978-2-02-035337-3)
Article connexe[modifier | modifier le code]
Dostoïevski et le parricide (Freud)
Liens externes[modifier | modifier le code]
- (ru) Le texte original en russe
- Les Frères Karamazov. (Ebook) [PDF]
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes : Encyclopædia Britannica • Encyclopædia Universalis • Gran Enciclopèdia Catalana
- Les Frères Karamazov
- Roman paru en 1880
- Roman russe des années 1880
- Roman de Fiodor Dostoïevski
- Roman se déroulant au XIXe siècle
- Œuvre littéraire se déroulant dans l'Empire russe
- Roman de langue russe
- Roman russe adapté au cinéma
- Roman russe adapté à la télévision
- Roman russe adapté au théâtre
- Œuvre littéraire à l'origine d'un livret d'opéra ou de ballet